Paroles de Roucas 1 - Villa gallo-romaine
La Pax Romana repose au Griffon
Le parc du Griffon est l’un des lieux incontournables de la ville, aussi bien pour promener les enfants que pour faire son jogging. Mais au cœur de ces 50 hectares d’espace vert aménagés à la fin des années 70, savez-vous qu’il est également possible de remonter le temps de plusieurs centaines de siècles ? Car entre les deux obélisques de la principale voie piétonne, derrière une haie de cyprès, se cachent les ruines d’une villa Gallo-romaine. Voici une visite guidée de ce remarquable site archéologique. Les fouilles entreprises en 1976 (lire ci-dessous), ont révélé qu’il s’agissait d’un établissement rural ayant connu sa pleine activité durant la paix romaine jusqu’en 170 après JC. Durant cette période, où régna notamment Antonin le Pieux, empereur entre 138 et 161, l’exploitation vitrollaise avait pour vocation de produire les biens spécifiques de la ferme tels que le vin, l’huile d’olive, les légumes, les céréales et les fruits. Mais des activités en ferronnerie et en fabrication de meubles ont également été recensées. Ce site qui appartenait probablement à un métayer aisé, était composé d’une cour autour de laquelle furent édifiées quatre zones de construction. Urbana, la partie résidentielle du propriétaire, les thermes, partie réservée aux bains chauds et froids, Rustica, le bâtiment de production, puis la boutique donnant sur la voie romaine. De cette demeure, qui a subi de nombreuses modifications avant d’être totalement abandonnée au court du quatrième siècle, il ne reste aujourd’hui plus que les thermes ainsi que les fondations du bâtiment résidentiel. Mais ces ruines révélant un lieu paradisiaque arrosé par la Cadière, ne sont cependant pas les uniques traces de l’époque gallo-romaine dans notre ville. Dans le cartulaire Saint Victor, en 822, il est mentionné un village nommé «Villa quae dicitur Leonio», qui était situé à proximité des salins du Lion. En dehors des nombreux vestiges qui auraient été retrouvés, laissant penser qu’une maison de maître et qu’un village d’esclaves, occupaient les lieux, il est également mentionné en 1166, qu’une église existait dans ce même quartier du Lion.
Un patrimoine archéologique que la ville a toujours voulu protéger
En Hiver 1976, la municipalité et l’ EPAREB (établissement public d’aménagement des rives de l’étang de Berre) doivent signaler aux archéologues de la faculté d’Aix en Provence la présence de fragments de tuiles et de céramiques dans un champ en friche au quartier du Griffon. C’est à Proximité du Bourdon, petit ruisseau se versant dans la Cadière, que les premiers sondages révèlent qu’il s’agirait des vestiges d’une villa Gallo-Romaine (lire ci-dessus). Face à cette importante découverte les autorités locales décident alors d’abandonner le vaste projet de construction d’un bâtiment administratif sur ce terrain chargé d’histoire, afin de favoriser les recherches. Les fouilles, qui ont ainsi pu se dérouler dans des conditions idéales, ont permis de sauver et d’étudier ce petit site rural rarissime dans notre région. En surface et dans les terres remaniées, outre les ruines, pas moins de sept monnaies de basse époque ainsi que des tessons d’Arétine, de céramique à vernis noir, et autres amphores ont apporté des informations supplémentaires. D’une part, une période d’occupation totale jusqu’au IIe siècle et partielle jusqu’au IVe siècle ont pu être définies. D’autre part, cette ferme apparemment modeste était suffisamment importante pour que son propriétaire puisse y exprimer certains besoins luxueux comme les décorations des mûrs et la salle de bains. En 1981, à l’achèvement des fouilles, le site fut aménagé et ouvert au public. Entièrement réhabilité l’année dernière dans le cadre d’un chantier de solidarité, les promeneurs, guidés par des panneaux explicatifs, peuvent à nouveau s’offrir un petit voyage dans l’antiquité. Cependant, ces ruines ne sont pas les uniques vestiges à avoir été mis en valeur par les différentes municipalités. La pierre plantée orne désormais le rond point éponyme depuis 1997. Ce monolithe de calcaire, dont la signification reste encore un mystère, fut découvert au XIXe siècle au quartier des Hermes et daterait de l’époque préhistorique. Preuve que Vitrolles ville nouvelle a su judicieusement concilier le passé et le présent, en se développant sans pour autant détruire et renier son patrimoine.