Paroles de Roucas 4 - Montvalon
Edifié en 1697, le château de Montvalon est toujours habité
Contrairement à son étiquette de ville nouvelle, Vitrolles compte également de nombreuses bâtisses construites bien avant l’invention du béton. Parmi les constructions les plus prestigieuses, on distingue, comme cela fut détaillé la semaine dernière, le vieux village d’époque médiéval construit au pied du Rocher, ou encore le domaine de Fontblanche et le relais du Griffon, aujourd’hui réhabilités en bâtiments communaux. Mais l’édifice le plus captivant que recèle la ville est paradoxalement aussi celui qui est le moins connu du grand public. Il s’agit du château de Montvalon, une propriété privée dont la plupart des personnes ne connaissent que le majestueux portail d’entrée ainsi que la longue clôture en pierres, située le long du CD9, face au stade du Griffon. Pour apercevoir ce magnifique monument avec ses deux tours crénelées, sa chapelle, ses bassins, ses jardins et son parc boisé de chênes, il faut longer le Bourdon, petit ruisseau affluant de la Cadière, sur quelques centaines de mètres, avant de plonger à l’époque du roi soleil. Le château de Montvalon, habité depuis le XVIIe siècle sans interruption, fut édifié en 1697 à l’initiative d’Honoré Barrigue de Montvalon, descendant d’une famille de nobles d’origine portugaise, qui a fait fortune dans le commerce avant de gravir peu à peu les échelons sociaux et obtenir d’importantes charges parlementaires. Durant plus d’un siècle, ce château fut la résidence secondaire de cette famille qui avait élu domicile à Aix. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que ces lieux furent occupés de manière permanente par Casimir Barrigue, comte de Montvalon. Né en 1774, ce dernier a d’abord connu les tumultes de la révolution ainsi que l’exil avant de mettre à profit son talent d’écriture en fondant l’académie d’Aix en Provence en 1808. Mais ce qui distingue ce personnage de la dynastie des Montvalon, qui a également été maire de Vitrolles de 1813 à 1817, c’est son attachement à restaurer le château familial, dans lequel il a connu durant son enfance le bonheur familial parfait, entouré par l’amour de son père Joseph André et de sa mère Louise Vento d’Epennes, comme cela fut dépeint sur un magnifique tableau exposé au musée du vieil Aix. Un bonheur toutefois altéré par la révolution française, période à laquelle le château cher à ce noble vitrollais, décédé en 1845, a également perdu le couronnement de ses tours latérales. En 1886, le château fut vendu aux enchères à la famille Olive qui y réside encore aujourd’hui. Mais ces vieux mûrs imprégnés d’histoire, renferment encore certainement la mémoire de ce Casimir qui fut tant attaché au patrimoine familial.
Le Luxembourg retrouve ses hôtes
Après s’être départagés les terrains à bâtir, aujourd’hui devenus rares au sein de la ville, les promoteurs immobiliers n’hésitent plus à investir dans la vieille pierre, pour répondre à la forte demande locative locale. C’est notamment le cas pour le bâtiment le Luxembourg, situé dans le quartier du Griffon, à proximité du château de Montvalon, qui vient d’accueillir six nouvelles familles entre ces quatre mûrs qui n’avaient plus vu d’habitants depuis le XIXe siècle. Ce lieu qui abritait à la fin du XVe siècle un rendez-vous de chasse, doit son nom à François de Luxembourg, vicomte de Martigues et gouverneur de Provence en 1491. En 1697, la famille Barrigue de Montvalon fait édifier son château dans le quartier du Griffon et prend possession des terres alentours, sur lesquelles se trouvent le logis du Luxembourg comprenant une demeure, des écuries, des greniers à foin, ainsi qu’un puit situés dans le quartier dit de Fontloubau. La magnifique bastide de style renaissance, avec ses fenêtres à meneaux, située dans ce même domaine et appelée elle aussi le «Luxembourg», fut quant à elle, sortie de terre vers 1710, à l’initiative d’Honoré I de Barrigue de Montvalon, après la mort de son père Mathieu. Au début du XVIIIe siècle, le Luxembourg est devenu une petite auberge modeste dans laquelle aucun valet ni cuisinier n’ont été recensés. Seule la famille Brémond, qui occupe les fonctions d’aubergiste en 1830, ainsi que les hôtes, Louis Audibert en 1709 et la famille de Joseph Paul Ribouet entre 1735 et 1749, sont mentionnés. Selon le cadastre de 1831, la bastide aurait ensuite abritait un moulin à huile. En 1933, l’ensemble des biens fut acquis par Monsieur Olive de Marseille, avant d’être réaménagé en logements au début de l’année.