Ça ne date pas d'hier... 8 - Pollution
Industries et pollution ne font pas bon ménage
L’étang de Berre a commencé à subir des souillures dès le début de l’industrialisation de la région. En 1932, une pollution aux hydrocarbures conduit le maire Jules Guibaud, à mobiliser ses homologues du pourtour de l’Etang de Berre en leur adressant la lettre suivante: «Je tiens à vous signaler ce que vous avez pu certainement constater, combien il est désagréable aux communes riveraines d’être inondées de mazout toutes les fois qu’un navire pétrolier vient décharger. D’où provient cet inconvénient grave? Je ne saurais le dire le dire exactement. Je suppose toutefois que c’est par le pompage des eaux des côtes dans l’étang (opération qui pourrait être faite en pleine mer). De toute façon, il y aurait lieu de nous réunir pour étudier minutieusement cette question et faire intervenir nos amis les députés Gouin et Albertin de nos circonscriptions». Mais la cité du Rocher fut également victime de la pollution atmosphérique bien avant l’arrivée de l’industrie pétrochimique. Au début du XIXe siècle déjà, une fabrique de soude artificielle implantée au milieu des salines émettait une quantité importante de gaz muriatique dans l’atmosphère, nuisant aux riverains et à l’agriculture. La première plainte remonte au 6 mai 1827. «Divers propriétaires ont présenté une pétition par laquelle ils exposent que la fabrique de soude cause un dommage considérable à leurs propriétés, que la végétation qui cette année devait être si forte et si vigoureuse, est dans le plus misérable état à cause de la vapeur générée par les huit grands fourneaux, qui brûle et dessèche toutes les espérances de récoltes et rend l’habitation intenable par les miasmes qui l’enveloppent». Cependant, pour des raisons économiques soutenues par le maire Louis Martin, la fabrique de soude continua son activité durant plusieurs décennies. Elle cessa de fonctionner vers la fin du XIXe siècle, concurrencée par un nouveau procédé de fabrication à l’ammoniac.
De la fée électricité au fléau de la centrale de Saint-Chamas
«Toutes les lampes municipales au nombre de 20, fonctionnent normalement et leur intensité lumineuse est conforme aux termes du contrat». Cette annonce du 10 novembre 1909 est consécutive à l’électrification du village. Pour des raisons budgétaires, la mise en service de l’électricité dans les hameaux situés au sud et à l’ouest du village, n’interviendra pas avant 1927. A cette époque, il était encore difficile de s’imaginer que l’invention magique de l’américain Thomas Edison allait se transformer en catastrophe écologique pour l’étang de Berre. Depuis 1966, la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas déverse en moyenne 3,6 milliards de m3 d’eau douce provenant de la Durance dans l’étang de Berre. Soit environ 4 fois le volume de l’étang. Les arrivées massives d’eau douce détériorent le milieu, bouleversent l’écosystème et favorisent le développement d’algues qui eutrophient le plan d’eau. A ce sujet, la France a été condamnée le 7 octobre 2004 par la cour de justice des communautés européennes. Elle vient alors de déposer ses propositions pour assurer l’équilibre écologique des lieux. Pendant 50 ans, les pêcheurs ont tenté d’attirer l’attention des pouvoirs publics. Aujourd’hui, ils commencent à retrouver espoir mais estiment toujours que la centrale doit fermer.