Ça ne date pas d’hier… 1 – Solidarité

Ça ne date pas d'hier... 1 - Solidarité

La solidarité s'exprime depuis des siècles

Paru en été 2005 (La Provence édition Etang)

La ville manifeste tout au long de l’année une solidarité exemplaire, ne serait-ce que par sa mobilisation exceptionnelle en faveur des restos du cœur, du Téléthon, mais aussi lors de manifestations destinées à venir en aide à certains habitants victimes d’un sinistre, d’un accident ou d’une maladie. Mais ces élans de solidarité ne datent pas d’hier. Au début du siècle dernier, loin des outils médiatiques permettant de sensibiliser des milliers de personnes et d’atteindre des records de dons, les habitants s’investissaient déjà pour des causes humanitaires. Le 11 juin 1909, le plus important séisme du XXe siècle en France, dont l’épicentre fut localisé à Lambesc, faisait 46 morts et détruisait des milliers d’habitations. Le jour même de cette catastrophe, le maire Pierre Gustave Constant, exprima sa solidarité envers les sinistrés, lors d’une réunion extraordinaire du conseil municipal. «Le conseil municipal, estimant que la catastrophe du 11 juin constitue un deuil national, est d’avis de renoncer à la participation officielle de la fête du 14 juillet et vote à cet effet une somme de 100,00 francs (sur un budget d’environ 15 000 francs), à prélever sur le crédit affecté à la dite fête, pour être adressée aux sinistrés victimes de la terrible catastrophe du 11 juin produite par diverses secousses de tremblement de terre, plongeant dans le deuil plusieurs communes de notre arrondissement». Cette action caritative n’était cependant pas inhabituelle puisqu’ il existait depuis très longtemps, une véritable organisation autour de la solidarité. Dès le XVIe siècle, un établissement, dont la vocation était de venir en aide aux plus démunis, voyait le jour. Appelé successivement hôpital, hospice, bureau de bienfaisance et bureau d’aide social, il répond aujourd’hui au nom de centre communal d’action sociale. Cette structure, dirigée jusqu’en 1790 par le clergé, fut par la suite laïcisée et présidée par le maire. Elle fonctionnait initialement grâce aux généreux bienfaiteurs, qui n’hésitaient pas à léguer une partie de leurs biens afin d’aider les miséreux (lire ci-dessous). 

Depuis 1929, la propriété de Vital Rouard est vouée aux services sociaux, aujourd'hui regroupés au sein du CCAS.

Ils ont donné leur obole

Les testaments recensés en faveur des démunis remontent à plusieurs siècles, à limage de celui de Jaumes Clappyer, qui en 1570, laissait cinq charges de blé à distribuer aux plus pauvres. Jusqu’au début du XIXe siècle, la plupart des donateurs étaient des prêtres. Mais on distinguait également  quelques bourgeois et propriétaires fonciers à l’instar de Joseph Abel, qui en 1720,  donna droit aux pauvres souffrants de la localité, à une livre de viande de mouton et un pain par jour, pendant la durée de leur maladie. Quant à Jean Antoine Goiran, il octroya en 1791, ses domaines du Baou et de Salvarenque, situés sur le plateau, au bénéfice des défavorisés. Plus récemment, Vital Marius Rouard, maire de Vitrolles de 1892 à 1908, légua sa propriété située sur le chemin des vignes, au bureau de bienfaisance. Alors qu’à cette époque de nombreux maires furent soupçonnées de s’être servi du bureau de bienfaisance comme d’une monnaie électorale, ce personnage, né a Vitrolles en 1839 et décédé en 1920,  démontra une sincère implication dans l’action sociale. Aujourd’hui, sa propriété qui est devenu le centre communal d’action sociale, abrite également depuis 1970, des foyers logements pour personnes en difficulté. Sa mémoire est belle et bien conservée.

Vital Marius Rouard fut maire de Vitrolles de 1892 à 1908