Ça ne date pas d'hier... 6 - Exode rural
Un long exode rural puis des envies de campagne
Comme dans tous les villages français, l’exode rural toucha la cité du Rocher dès la fin du XIXe siècle. A cette époque, outre la faible activité industrielle générée par la carrière de marbre (cf édition du 23 juillet), et les marais salants (lire ci-dessous), la population locale vivaient principalement de l’élevage des ovins ainsi que de la culture de l’olivier, de l’amandier, de la vigne, de quelques céréales et de légumes secs. Cependant, à l’exception des terres situées au sud de la ville, bénéficiant de l’irrigation de la Cadière, la plupart des sols étaient arides et défavorisaient l’agriculture, comme le regrettait le maire Gustave Pierre Constant, le 6 juin 1909. «Notre territoire très aride est sujet presque toutes les années à subir la perte d’une bonne partie de nos récoltes. Nos braves paysans, très laborieux et économes, malgré tous leurs efforts, ne peuvent la plupart du temps, non seulement faire face aux dépenses occasionnées pour la fumure des terres et des arbres, mais même de pourvoir à la subsistance de leurs familles. Il en résulte que notre population diminue chaque année pour aller s’expatrier dans les grandes villes croyant y trouver des ressources plus suffisantes, et nos terres restent de plus en plus incultes». La population de la ville est ainsi passée de 1010 habitants en 1881 pour décliner jusqu’à 794 en 1921, période à laquelle il fallut également décompter les douze victimes de la première guerre mondiale. Mais à partir des années 30, le développement de l’aéronautique et de l’industrie pétrochimique sur les rives de l’étang de Berre, ont provoqué l’explosion urbaine de Vitrolles. Ce paysage industriel générateur d’emplois a toutefois fait naître un nouveau phénomène de société qui se mesure à l’échelle nationale, celui de l’exode rural à l’envers. Aujourd’hui, les statistiques prouvent que près d’un français sur deux désire s’installer à la campagne pour fuir le stress et la pollution liés à la vie urbaine. Grâce aux technologies nouvelles permettant le télétravail, plus de deux millions de personnes en France ont déjà concrétisé ce rêve. Celui de respirer l’air pur et de profiter des grands espaces dont bénéficiait encore la cité du Rocher, au début du siècle dernier.
Un village romain près des salins du Lion
Les salins du Lion, qui furent exploités dès l’antiquité, sont établis sur un ancien étang, séparé de l’étang de Berre par une étroite bande de terre. Depuis le moyen age, les habitants de Vitrolles pouvaient s’approvisionner librement en sel sans payer de gabelles, jusqu’à ce qu’en 1790, le seigneur Covet de Marignane, s’appropria les lieux et en protégea l’accès par des soldats. En 1812, les marais salants s’étendaient sur 28 hectares et produisaient entre 30 et 40 000 eminets (du provençal eiminot=50 kg de sel) par an, et employaient 90 personnes pendant 4 mois. Par la suite, la production de sel ne cessa de décroître jusqu’en 1936 où il est inscrit dans le registre de délibération, «Il est de notoriété publique que le salin de Vitrolles n’a pas produit de sel pendant longtemps, qu’il est délaissé, abandonné». Mais ce site des salins du Lion, qui abritent aujourd’hui une réserve pour oiseaux de 53 hectares, a des origines encore plus lointaines. Ce lieu abritait autrefois un domaine romain qui fut le premier village de Vitrolles «Villa quae dicitur Leonio», mentionné dans le cartulaire Saint Victor en 822, avant que la population ne se réfugie autour du Rocher lors des invasions barbares du Xe siècle. En dehors des nombreux vestiges qui auraient été retrouvés, laissant penser qu’une maison de maître et un village d’esclaves, occupaient les lieux, il est également mentionné en 1166, qu’une église existait dans ce même quartier du Lion.