Ça ne date pas d’hier… 4 – Enclavement des quartiers

Ça ne date pas d'hier... 4 - Enclavement des quartiers

La ville coupée en deux par la voie ferrée

Paru en été 2005 (La Provence édition Etang)

La cité du Rocher s’étendant sur huit kilomètres du Nord au sud et sur six d’Est en Ouest, a toujours connu des problèmes liés à l’éloignement des hameaux par rapport au vieux village. Au XIXe siècle, alors que les quartiers sud se mobilisaient pour la construction d’une école de proximité (lire ci-dessous), les travaux du tronçon vitrollais de la ligne de chemin de fer de Marseille à Avignon allaient séparer la ville en deux sur six kilomètres, et accroître ainsi l’isolement des hameaux situés à l’Ouest de la ville. Dès 1846, de nombreuses plaintes sont déposées par les propriétaires au sujet de la destruction des plus beaux vergers d’oliviers. «Les ouvriers du chemin de fer mettent le feu à des chênes kermes dont la colline est couverte et ont ainsi depuis plus de deux mois incendié successivement une grande partie du coteau». Outre ces incivilités qui sévissaient principalement entre la grande garrigue et le quartier des Vignettes, les vitrollais dénonçaient surtout les problèmes d’enclavement que la voie ferrée allait générer. «La ville est maintenant coupée en deux parties par cette nouvelle voie et la partie située à l’ouest de la route de fer ne peut communiquer avec le village que par quelques rares passages. Les habitants du village qui possèdent des terres au-delà du chemin de fer éprouveront une grande perte de temps pour aller cultiver leurs champs, forcés de faire un détour de plusieurs kilomètres». Mais les lamentations des habitants n’ont jamais freiné la construction du chemin de fer. Aujourd’hui, bien que la gare ferroviaire soit fermée, les riverains continuent de subir les nuisances sonores liées au passage des trains, mais aussi de avions et des véhicules circulant sur l’autoroute A7 et la nationale 113. Mais le désenclavement de ces quartiers est maintenant d’actualité, notamment avec le projet d’aménagement d’un rond point visant à faciliter l’accès aux Vignettes.

En 1844, la voie ferrée de Marseille à Avignon a coupé la ville et a aggravé l'isolement des quatiers Ouest de la ville.

Trois décennies pour sortir de terre l'école du repos

«Les pères de famille des quartiers de la Tuilière, du Repos, du Griffon et des Pinchinades, qui se trouvaient à une distance de cinq ou six kilomètres du chef lieu, ont demandé de créer au point le plus central, une école mixte qui serait dirigée par une institutrice». Cet extrait de délibération du conseil municipal du 10 novembre 1889 témoigne d’une requête qui ne durera pas moins de trente ans. Etant donné l’éloignement de l’école du village, les enfants résidant au sud de la ville étaient pour la plupart scolarisés à l’école des Pennes Mirabeau qui, outre sa proximité, avait une capacité d’accueil limitée. De ce fait, au début du XXe siècle, parmi les trente cinq enfants demeurant dans ces hameaux, seulement dix neuf étaient scolarisés. Ce problème ne sera pas pris en compte avant 1911, quand Louis Decloître, propriétaire du domaine de Fontblanche, loua une de ses maisons à la municipalité pour y aménager la première école mixte de la ville. Cette alternative avait permis de scolariser les enfants en attendant la construction de l’école du repos qui, par rapport à la première guerre mondiale, ne fut achevée qu’en 1920. Durant son exploitation de nombreux défauts de construction furent constatés au niveau de la toiture, de l’exposition du préau, ou de la défaillance des installations sanitaires, qui avait pour conséquence de répandre les matières fécales dans la cours. Le taux de fréquentation de l’école du Repos, qui s’arrêta de fonctionner suite à l’ouverture du groupe scolaire des Pinchinades en 1979, annonçait déjà le développement des quartiers sud. En 1929, alors qu’elle accueillait quarante trois élèves, au village, l’école des garçons en recensait seulement treize et celle des filles dix huit.

L'école du Repos, construite en 1920, abrite aujourd'hui les compagnons du devoir.