Ça ne date pas d'hier... 7 - Sècheresse
La sécheresse continue de sévir
Même si la cité du Rocher semble actuellement peu affectée par les mesures draconiennes de restriction d’eau concernant de nombreux département français, elle n’est pas moins victime de la sècheresse, notamment si l’on se réfère à l’incendie de l’année dernière qui a dévasté le plateau. Mais durant ces derniers siècles, le manque d’eau a eu des conséquences encore plus graves sur la vie des habitants. D’abord le manque d’hygiène qui a favorisé les épidémies jusqu’au début du XIXe siècle (lire ci-dessous). Puis l’aridité des sols qui a provoqué un exode rural jusqu’au milieu du siècle dernier (cf édition du 13/08/2005). Ainsi, le problème récurrent de la sècheresse fut souvent abordé lors des conseils municipaux, à l’instar de celui du 21 juillet 1912. «La commune est insuffisamment alimentée en eau potable par le canal de Marseille, déplorait le maire Cyprien Abdon Touche. Cet état de choses porte de graves atteintes à la prospérité du pays et à la santé publique et il y a urgence à aviser aux moyens d’y remédier. A cet effet des gens experts ont souvent exprimé la certitude qu’en amont du village se trouve un cours d’eau souterrain qu’il serait possible de découvrir et de capter. Il convient d’entreprendre au plus tôt des recherches susceptibles d’aboutir à la découverte de ce cours d’eau et à son utilisation pour l’irrigation et l’alimentation du pays en eau potable». Mais ces investigations ne suffiront pas. Pour diminuer la pénurie du précieux liquide, le 29 juin 1939, un nouvel arrêté municipal règlementait l’utilisation de l’eau. «Pendant les mois de juin, juillet, août et septembre de chaque année, le volume d’eau est ramené à 1/25 le module. Les concessions d’eau ne sont délivrées que pour l’usage domestique et dans les immeubles habitables. Tout autre usage ou lieu de réception est absolument défendu. Il est défendu de remplir aux fontaines des récipients d’un volume supérieur à 50 litres. Il est défendu de laver du linge aux fontaines. Le lavoir sera ouvert de 7h00 à 11h00 et de 13h00 à 18h00. Le dimanche, il sera fermé complètement. Pour éviter toute tentative de fraude, l’eau sera enlevée tous les soirs à 20h00 et remise le matin à 7h00». Enfin, outre les problèmes sanitaires, le manque d’eau soumettait également la commune au risque des incendies contre lesquels des mesures préventives furent prises dès 1926 par Jules Guibaud. «Cette question qui paraît secondaire, est cependant d’une urgence absolue et d’une nécessité très grande. Quelle serait la situation de la commune si par un grand mistral, un incendie venait à se déclarer. Tout le village probablement y passerait ! Donc, lorsque la situation financière de la commune le permettra, une pompe à incendie sera achetée». Une initiative avant gardiste de plus pour ce maire qualifié très justement de visionnaire.
Ces épidémies qui ont décimé la population
Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, les épidémies n’ont pas épargné la cité du Rocher. La peste, qui décima un quart de la population vitrollaise en 1720, fut la contamination recensée la plus importante puisque la ville ne compta pas moins de 209 morts en huit mois. Cette épidémie, qui avait débarqué à Marseille par le vaisseau le grand Saint Antoine, aurait pu être minimisée, si les autorités locales de l’époque n’avaient pas privilégié les intérêts commerciaux à la santé publique. Un siècle plus tard, force est de constater que les règles sanitaires avaient largement progressé. En 1835, alors qu’une épidémie de choléra atteignait le littoral de la cité phocéenne, la ville prenait des mesures draconiennes d’hygiène, ce qui limita leur nombre de victimes à quatre personnes. Mais l’épidémie locale la plus ancienne fut certainement la lèpre. Cette contagion affectait la population depuis des temps immémoriaux et elle faisait encore des ravages au début du XIXe siècle. La lèpre vitrollaise se déclinait selon deux formes. Tandis que l’espèce tuberculeuse ulcérait le corps et le visage, l’espèce écailleuse rongeait les membres inférieurs et supérieurs, allant même jusqu’à provoquer le détachement des phalanges des mains et des pieds. Sur une centaine de malades dénombrés en 1811, le Docteur Valentin de Marseille en avait guérit 74. Mais il restait très difficile de recenser exactement le nombre de victime de cette épidémie, longtemps cachée et considérée comme une maladie honteuse. La tour Sarrasine aurait d’ailleurs servi à enfermer les lépreux et le cimetière Saint Pierre à les enterrer …