Ça ne date pas d’hier… 2 – Patrimoine

Ça ne date pas d'hier... 2 - Patrimoine

Le nouveau village n'a jamais vu le jour

Paru en été 2005 (La Provence édition Etang)

Les premiers signes de vieillissement de la ville nouvelle se font déjà fait ressentir, à l’image de la vétusté de nombreux équipements publics tels que la salle des fêtes qui sera reconstruite d’ici deux ans, ou le théâtre de Fontblanche et la Villa Mercadier, actuellement fermés pour des raisons évidentes de sécurité. Souvenez-vous également de ce fait divers de 2004, où un lampadaire s’était abattu sur une automobile, évitant de justesse la mort à la conductrice. Cette accident nous renvoie à une histoire bien plus dramatique qui s’est déroulée au début du XXe siècle, période à laquelle le village se délabrait peu à peu. Pour des raisons de sécurité, plusieurs propriétaires ont même été obligés de détruire leurs maisons avant qu’elles ne s’effondrent et provoquent un accident, comme ce fut malheureusement le cas le 20 octobre 1907. «A 7h00 du matin, une vieille maison habitée par la demoiselle Marie Cotton , sise dans une ruelle qui traverse les vieux quartiers du village, vient de s’écrouler en partie, causant un accident mortel. La dame Marie Lataud, épouse Audibert Henri, venait peu d’instant avant de quitter sa maison d’habitation pour aller faire ses provisions de ménage et s’était engagée dans cette ruelle à pente rapide lorsqu’un bruit significatif se fit entendre. Elle n’eut pas le temps de se rendre compte de la situation et de continuer sa course qu’une grêle de pierres tomba, l’ensevelissant presque entièrement. A ses cris, les personnes présentes étaient accourues et s’empressèrent de la dégager et de lui prodiguer les meilleurs soins. Malgré l’empressement dont elle a été l’objet, la victime succombait quelques heures après des suites de ses nombreuses blessures». En 1925, l’état de ruine du village était toujours aussi préoccupant. Le maire Jules Guibaud (lire ci-dessous), avait d’ailleurs suggéré de faire raser toutes les vielles maisons pour édifier un immense escalier, avec des esplanades sur les côtés, reliant l’avenue Camille Pelletan au vieux cimetière. Finalement, la deuxième guerre mondiale arrêta ce projet et c’est dans le respect du patrimoine que la restauration des vielles maisons a débuté dans les années 60 et continue encore aujourd’hui.

Des bosquets ont aujourd'hui relmplacé la maison de Marie Cotton qui s'est éffondrée le 20 octobre 1906, blessant mortellement une habitante.

Jules Guibaud, un maire visionnaire

Contrairement à ses prédécesseurs qui étaient tous des propriétaires terriens de la localité, Jules Guibaud, maire radical socialiste entre 1925 et 1945, était un monsieur de la ville. Ce Marseillais, négociant en fournitures pour bateaux, était également président de la caisse départementale des assurances sociales, lorsqu’il fut élu premier magistrat de la ville. Durant ses trois mandats successifs, Jules Guibaud s’était investi à fond pour défendre les intérêts de sa commune entre la période rurale et l’ère industrielle. Grâce à sa gestion novatrice et son expérience des affaires, Vitrolles sera reconnue en 1929 comme la ville la mieux administrée du département, alors que quatre ans plus tôt, elle présentait un déficit financier de 60 000 francs. Outre la création des premières délégations municipales afin de mieux répondre aux préoccupations des habitants, ce personnage visionnaire, à la verve pagnolesque, avait également planifié la modernisation du village qui n’a heureusement jamais vu le jour (lire ci-dessus). De sa résidence «Hauterive», située au quartier de l’Agneau, il a pu assister à l’industrialisation des bords de l’étang dès 1935, avec l’arrivée de l’aéronautique et des raffineries. En insufflant un esprit nouveau de modernisation, Jules Guibaud a permis à la cité du Rocher de connaître ses grandes mutations bien avant les autres villages de la région, en accueillant cette nouvelle population ouvrière.

Jules Guibaud, maire de Vitrolles de 1925 à 1945