La fabuleuse histoire du Rhabdodon – La désincarcération

La fabuleuse histoire du Rhabdodon - La désincarcération

Le Rhabdodon livre ses secrets

Paru le 26 juin 2008 (La Provence édition Etang)

Bilan de six mois de recherches menées par les scientifiques du muséum d’Aix.

Pour la ville de Vitrolles, les paléontologues du muséum d'Aix ont confectionné une copie en résine des ossement du Rhabdodon.

Cela faisait au moins 65 millions d’années qu’il dormait sous le sol Vitrollais avant d’être réveillé par le chantier d’une halte ferroviaire. Aujourd’hui, le voilà ressuscité grâce au travail exceptionnel des paléontologues du muséum d’Aix. Le squelette de Rhabdodon, découvert au mois d’octobre dernier dans la zone industrielle de Couperigne, a désormais quitté la cité du Rocher pour rejoindre celle de Cézanne. Un aller simple pour ce dinosaure herbivore de la fin de l’ère secondaire, qui vient de subir une opération de désincarcération (lire ci-dessous). Dans un même temps, deux répliques en résine représentant ses os fossilisés dans la roche, ont été réalisées à partir d’un moule en silicone. L’une de ces copies est destinée à Vitrolles. L’autre restera au muséum afin d’analyser le processus de fossilisation de l’animal. «Ce dernier nous permettra de comprendre pourquoi des restes du bestiau, tels que le crâne où les membres inférieurs, n’ont pas été retrouvés sur place, explique Yves Dutour, paléontologue du muséum d’Aix. Nous pensons d’ores et déjà que certains os ont été mangés car plusieurs dents de dinosaures carnivores et de crocodiles ont été retrouvées près du squelette». Les chercheurs vont pouvoir également exploiter la complémentarité de ce squelette, avec celui qui fut découvert en 1993 sur ce même site des Aymards. «Ces deux trouvailles vont être mise en connexion afin de déterminer quelle était la véritable posture de l’animal, souligne Yves Dutour. La quasi-totalité du membre inférieur découvert en 1993 ainsi que les membres supérieurs mis au jour l’année dernière, vont permettre de savoir exactement si ce dinosaure était bipède ou quadripède». L’étude de ce spécimen qui a été confiée à une doctorante de l’université de Lyon 1, prendra certainement plusieurs mois. Parallèlement à ces recherches, les paléontologues ont prévu une ultime campagne de fouilles à Couperigne au mois de juin, afin de continuer à ratisser l’un des plus importants gisements fossilifères européens, qui s’apprête à complètement disparaître sous les contraintes de l’urbanisation.

Sa carcasse était prisonnière du calcaire et de l'argile

L'extraction des ossement du dinosaure a nécessité quatre mois de travail.

Le dégagement du squelette de Rhabdodon fut une tâche longue et minutieuse, car ses os incrustés dans la roche étaient très fragiles et souvent très fragmentés. Il a donc fallu restaurer les fossiles en recollant chaque morceau et reconstituer les petites pièces manquantes avec de la résine, afin de redonner aux ossements leur aspect originel. L’opération s’est déroulée durant tout l’hiver dans le laboratoire des réserves du muséum d’Aix. C’est avec un micro burin pneumatique, un scalpel, de la colle et beaucoup de patience, qu’Eric Turini, employé du service de paléontologie, s’est investi durant quatre mois pour extraire la carcasse de l’animal, prisonnière d’ un bloc de calcaire et d’argile de plus d’une tonne. Parmi les 80 ossements dégagés, on distingue la cage thoracique, l’humérus, le radius, le sacrum, les vertèbres caudales et dorsales, l’ischion, le pubis, le bassin ainsi qu’une vingtaine de côtes. Les fossiles les mieux conservés pourront être exposés, mais ils serviront surtout de modèles indispensables dans la reconstitution en résine d’un squelette de Rhabdodon en 3D, plus évocateur pour le grand public que des fragments d’os ornant une vitrine. De plus, ce dernier pourra être dupliqué et exposé dans les musées du monde entier et pourquoi pas faire une renommée internationale à Vitrolles…

L'humérus du Rhabdodon est l'une des pièces les mieux conservées