La fabuleuse Histoire du Rhabdodon - Ces dinomaniaques qui vivent au pied du Rocher
Docteur Thierry, "Mister Dino"
Un marteau et un burin pour casser des pierres, un seau en PVC noir pour transporter des gravats, et un chapeau pour se protéger des longues heures d’exposition au soleil estival, tels sont les modestes outils de Thierry Tortosa, ce jeune Vitrollais de 25 ans qui se distingue tout particulièrement par son métier où patience et minutie sont de rigueur. Car contrairement aux apparences, Thierry n’est ni un ouvrier de chantier, ni un condamné aux travaux forcés, mais un doctorant en paléontologie de l’université Pierre et Marie Curie à Paris. «Depuis mon enfance, ma passion pour les dinosaures ne m’a jamais quittée. A huit ans je les dessinais, aujourd’hui je dissèque leurs ossements des roches sédimentaires pour tenter de comprendre l’évolution de cet espèce dans notre région». Mais pour assouvir son violon d’Ingres, Thierry a déjà du traverser un véritable parcours du combattant, alternant les fouilles sur le terrain et les cours à l’université. «En France, les thésards en paléontologie travaillant sur les dinosaures se comptent sur les doigts de la main. Preuve que la volonté et la persévérence finissent toujours par payer. Après l’obtention d’un master en paléontologie que j’ai préparé à l’université de Montpellier, plus d’une année de démarche a été nécessaire pour l’obtention d’une bourse ainsi que la recherche d’une structure intéressée par les prestations d’un doctorant. Mais j’ai également profité de ce laps de temps pour passer un second master en didactique des sciences». Aujourd’hui, Thierry vient d’intégrer le muséum d’Aix en Provence pour préparer sa thèse sur les dinosaures et vertébrés de Provence au crétacé supérieur. Durant trois ans, il s’investira au sein de cette plate-forme dynamique qui a entrepris de nombreuses campagnes de fouilles dans la région ces dix dernières années. «Dans mon travail, je suis amené à étudier tous les sites du département afin de mettre à jour les données concernant la diversité de dinosaures, crocodiles, tortues et autres vertébrés, l’évolution des populations d’un site à un autre, et la reconstitution de leur paléo environnement». Et comble de chance pour ce Vitrollais, il travaille actuellement sur le gisement de Couperigne, situé à seulement trois kilomètres de son domicile. «Quand j’ai commencé mes études en paléontologie, j’étais bien loin de penser que mon principal terrain de fouilles se situerait juste en bas de chez moi. Mais ce site est surtout une aubaine pour Vitrolles qui peut désormais se venter d’avoir l’un des patrimoines paléontologiques les plus important d’Europe, grâce à ses deux squelettes de Rhabdodon découverts en 1993 et 2007». Cependant Thierry ne compte pas s’arrêter si près de chez lui. Il pense d’ailleurs déjà à ses études post doctorales, afin d’intégrer le CNRS et pourquoi pas partir étudier les dinosaures dans d’autres région du monde.
L’éternelle passion des minéraux de Gérard Boéri
Bien que peu nombreux au sein de la ville, les amateurs de cailloux ont pu bénéficier jusqu’en 2005 et durant plus de vingt cinq ans, des activités proposées par le club de minéralogie et de paléontologie. Dans ce milieu d’initiés, quelques fidèles passionnés étaient regroupés autour de cette structure dont Daniel Rogero (lire ci-dessus), et Gérard Boéri qui a présidé l’association locale fondée en 1979. «Nous échangions nos idées et nos connaissances lors des réunions hebdomadaires pendant lesquelles nous faisions également des recherches à partir de livres ou de cartes géologiques afin de préparer des sorties sur le terrain un peu partout en France. Car si la région est riche en fossiles, en revanche, elle est pauvre en minéraux, explique t-il. Nous organisions aussi chaque année, une bourse d’échange qui se déroulait durant tout un week-end au centre culturel George Sand, ajoute Gérard. A l’instar de toutes celles qui sont régulièrement organisées dans l’hexagone, il s’agissait d’un rendez-vous incontournable pour les amateurs de pierres et de fossiles qui désiraient étoffer leur collection et rencontrer d’autres passionnés. Durant deux décennies, les activités de cette association Vitrollaise ne se sont pas uniquement adressées à un public de spécialistes. «Nous communiquions également notre passion à un public plus large par le biais d’expositions itinérantes de minéraux dans les établissements publics de la ville et nous développions des projets pédagogiques, étaye Gérard. A l’image de l’exposition sur les dinosaures organisée en octobre 2004 au domaine de Fontblanche, qui a réuni plus de 1200 visiteurs dont 600 élèves des écoles primaires». Malheureusement, malgré l’engouement du public pour le patrimoine géologique, le club a du cesser son activité en 2005. D’une part pour des raisons matérielles, car l’association n’a jamais pu obtenir de locaux adéquats à son activité. D’autre part, pour des raisons humaines puisque personne n’a souhaité prendre la relève de Gérard, qui a pris sa retraite de président l’année dernière. Sa passion, quant à elle, ne connaît pas de répit. Bien au contraire, elle a su conserver au fil des années l’éclat des quartzs et autres minéraux qu’il continue de collectionner.